Attractivité du territoire : le changement climatique et les nouveaux enjeux

Reprise de mon article, publié le 24 juillet 2023, sur Inflexia à propos de l’impact de la transition environnementale sur les stratégies d’attractivité des territoires ; avec une phrase clef :

« Les élus de collectivité, en particulier et les premiers, doivent changer de paradigme et se projeter au delà d’une mandature, de voir l’avenir de manière désintéressée et recueillir une unité large et collaborative pour garantir la poursuite de ces changements profonds. »

Changement climatique ?

Le changement climatique est aujourd’hui l’un des défis les plus pressants pour notre société.

Notre maison brûle et nous regardons ailleurs , disait déjà Jacques Chirac en 2002 au IVe Sommet de la Terre à Johannesburg.

Notamment, en raison de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre résultant des activités humaines, notre planète subit des altérations significatives.
Les conséquences sont multiples et se manifestent à différents lieux de notre planète, tant par des phénomènes météorologiques extrêmes que par des perturbations des écosystèmes.

Il suffit de voir la canicule marine observée cette année.
(Un excellent article est consacré aux canicules marines sur BonPote.com)

Ou encore, dans le secteur du tourisme, l’île grecque de Rhodes dont des incendies ont débuté mi-juillet, avec -au 24 juillet 2023- plus de 40 000 hectares, soit un tiers de l’île (lire l’article France Info)… et dont les flux touristiques n’arrêtent même pas !

« Mais alors que les incendies faisaient rage depuis cinq jours, rendant l’air irrespirable et piégeant des touristes dans leur hôtel, des avions ont continué à déferler, dont un bon nombre venaient du Royaume-Uni, qui possède plusieurs liaisons directes avec l’aéroport« , selon l’article de LCI.

Face à ces réalités, la transition environnementale est devenue une priorité absolue pour protéger notre avenir (et celui de nos territoires).

L’impact de ce changement sur le tourisme

L’industrie du tourisme est directement touchée par le changement climatique.

Les voyageurs sont de plus en plus conscients de l’urgence environnementale et cherchent à adopter des pratiques de voyage plus durables (et qui confirme aussi les grandes tendances du tourisme publié en juin 2022).

Les destinations qui sauront s’adapter et intégrer des pratiques respectueuses de l’environnement deviendront naturellement plus attractives.

En revanche, les lieux dépendants de ressources naturelles sensibles, comme les stations balnéaires menacées par l’érosion (tempêtes) ou les régions sujettes aux sécheresses, risquent de voir leur attrait touristique diminuer.

En effet, les premières questions se posent dans Var Matin, qui titre « Avec la chaleur sur la Côte d’Azur, les touristes révisent-ils leurs plans? »

Autant dire que la question va devenir récurrente.

Les choix que devront faire les collectivités pour s’adapter au changement

Face à ces nouveaux enjeux, les collectivités doivent repenser leur stratégie d’attractivité du territoire.

Différentes pistes existent, mais peuvent ou non s’adapter à un territoire. Tout doit être « cousu main », sans copier-coller (aussi notre challenge à chaque accompagnement de territoire).
La difficulté est de pouvoir s’inspirer de bonnes pratiques, mais en adaptant à sa culture locale, son environnement, son économique, son offre touristique…

Par exemple, le concept de « slow tourisme » peut être mis en avant ; et de privilégier des voyages plus lents, axés sur la découverte et le respect des cultures locales, tout en réduisant l’empreinte carbone des déplacements.

Mais peut-on encore parler de « slow Tourisme » ? Ou même de « tourisme » ?
Pourquoi pas le « l’accueil intelligent » ? Nous ouvrons le débat !

En termes d’urbanisme, les collectivités doivent aussi revoir leurs règles pour favoriser la construction durable et résiliente. Cela pourrait inclure l’intégration de normes environnementales strictes dans les nouveaux projets immobiliers, la promotion des bâtiments à énergie positive, et la préservation des espaces naturels et agricoles.

Et même, la mise en place de quotas, dans certaines zones fragiles pour contribuer à protéger les écosystèmes locaux tout en limitant l’impact du tourisme de masse.
Comme pour les calanques à Marseille ou l’île de Bréhat en 2023, sachant que cette méthode existe déjà ailleurs, comme en Thaïlande, avec en 2018 la fermeture de Maya Bay (réouverte fin 2021 avec un nombre de visiteurs limité).
(Voir l’article du Figaro « Sites fermés, quotas, taxes… Les mesures de 12 destinations contre le surtourisme« )

Pas simple, car ces changements touchent toute la collectivité !

Le marketing d’une destination n’est désormais plus un choix unique sur un message ou un réseau social en particulier, comme cela a pu être le cas pendant des années.
La réussite d’une attractivité de territoire, mixant déjà tourisme et économie, devra maintenant passer par des choix ambitieux qui touchent l’ensemble d’une collectivité : urbanisme, environnement. Les choix par les élus de ces territoires se feront également au-delà de mandatures.

Les élus de collectivité, en particulier et les premiers, doivent changer de paradigme et se projeter au delà d’une mandature, de voir l’avenir de manière désintéressée et recueillir une unité large et collaborative pour garantir la poursuite de ces changements profonds.

En conclusion, la transition environnementale est un défi majeur qui façonne l’avenir du tourisme et de l’économie des territoires.

Les collectivités doivent saisir cette opportunité pour intégrer des pratiques durables, afin de préserver leur attractivité à long terme et contribuer à la préservation des écosystèmes.
En conjuguant une approche responsable du tourisme et une adaptation proactive aux changements climatiques, ces destinations pourront se positionner dans un nouvelle ère de durabilité et d’attractivité territoriale.

Kevin Gallot – Juillet 2023