Le growth hacking : plus qu’un état d’esprit. Avant tout des compétences !

Growth hacking : le nouveau terme en vogue depuis quelques années. En fait, depuis environ 8 ans (soit plus de 11 ans après son « invention » par  Sean Ellis). Un peu comme le « webmaster » en 2000, le « community manager » en 2008, le « growth hackeur » arrive sur nos écrans (depuis 2015) ! 

Cette stratégie n’est pas nouvelle. Seul le mot l’est. Comme le résume en accroche le Journal du Net : « En bref, il s’agit de mettre en oeuvre des techniques imaginatives afin d’actionner de nouveaux leviers de croissance. » Ainsi, cette technique existe depuis bien longtemps. Il suffit de voir les exemples notamment du « I Love You » de Hotmail… ou même des techniques d’inscriptions de Vente-privée ou Gmail à ses débuts.

Seulement, ça ne s’appelait pas le growth hacking, mais juste « la bonne idée qui déchire » !

Mettre un nom sur certains moutons à 5 pattes !

Le growth hackeur n’est pas n’importe qui. On ne devient pas growth hackeur en 2 ans après avoir parcouru 3 livres et animé 2 communautés. Non (ou alors, c’est une perle rare !).

Comme le défini très justement le site Growthhacking-france.com : « Le Growth Hacker est un mix de plusieurs compétences desquelles il créé des synergies pour arriver à ses fins, cela dans un état d’esprit bien particulier de croissance. »

Ces compétences (ainsi que cette méthode de travail sur la performance) s’acquièrent par théorie, mais surtout par expérience,

Dans mon parcours, mes premières actions de ce type remontent à 1999 (à l’ère du modem 56K et des balbutiements de haut-débit) avec l’identification de leviers de trafic : développer vite, acquérir et pas cher ! Même si nous n’avions à l’époque pas tous les outils pour relayer et mesurer les performances.
D’ailleurs, en 2001, chez Spray, cette typologie de profils portait un nom : les Trouble shooter ! Peut être l’ancêtre du Growth Hackeur ?

Des compétences bien spécifiques qui ne s’inventent pas

Même si les bases du métier (ou plutôt le mix de compétence) ne sont pas nouvelles, ce profil est récent étant donné les outils d’aujourd’hui et les éléments d’analyse disponibles (dans les méandres du big data). Donc, le concept existe depuis des années, mais le profil est lui bien plus contemporain.

Ceci-étant, et au-delà des capacités personnelles du growth hackeur (investissement, curiosité, créativité et transversalité), il doit maîtriser un certain nombre d’outils et de techniques.

Les grandes techniques marketing ! Idéalement, il est souhaitable de connaître les grandes techniques marketing (de la stratégie mais surtout de l’opérationnel !).
Du SEO au Social média en passant par l’acquisition SEM/SEA, l’affiliation ou les techniques email-marketing… Plutôt utile pour identifier des solutions de croissance ! Et autant les avoir testées avant pour en connaitre le potentiel adapté aux cibles. Le Growth hackeur est un Full Stack Marketer ! (vive les anglicismes)

Le développement web (ou à minima l’intégration CSS/HTML). Quelques notions techniques sont à prévoir ! Savoir mettre en place et intégrer un A/B testing, vérifier le code JS de ses trackeurs pour faire du retargeting, pouvoir modifier les CSS d’un site pour tester une couleur et mettre à jour des éléments de structuration de contenu.
Soit par soi-même (pour gagner du temps), soit pouvoir échanger avec une équipe technique : il faut en connaitre la faisabilité technique et pouvoir le contrôler.

L’analyse de performance. Savoir décrypter des chiffres pour définir des tendances et des comportements, savoir identifier les canaux de conversion et les goulots d’étranglement sur ses pages grâce aux outils d’analyse.
La mesure de performance se fait par des chiffres concrets, comme toute action web ; y compris les performances du community management qui se mesure très finement. Le Growth hacker ne jure que par des chiffres et non des choix affinitaires !

La connaissance des usages. Bien que sociologue soit un métier à part entière, le Growth hacker doit absolument suivre l’évolution des usages notamment digitaux. Une idée génialissime en 2009 sera en flop en 2012 et encore plus en 2023 (quoi que !) !
Pouvoir suivre les nouveaux modes de consommation, veiller sur les usages : quels outils et comment se comporte telle ou telle génération ; telle ou telle cible. C’est aussi anticiper des leviers d’action encore inutilisé que le Growth hackeur devra tester. Il suit aussi les usages technologiques, avec l’IA (notamment les derniers outils conversationnels ou de générations assisté par l’intelligence artificielle.

Savoir écrire ! Préparer un emailing, définir une accroche, proposer une baseline, publier un tweet… sans faute !

C’est la confirmation d’un nouveau métier, notamment pour ceux qui ont suivi les (r)évolutions web. C’est mettre simplement un nom à des moutons à cinq pattes expérimentés, qui évoluent depuis des années dans cet univers, si passionnant.

Ma vision : de l’expérience et du temps !

Comment puis-je qualifier ce type de profil ?

Je tente de me baser sur mon parcours. J’ai commencé en 1996 a apprendre le HTML et les bases de données (l’ASP Microsoft avant le PHP !)… le web était encore constitué d’une majorité de pages en texte brut et de quelques gifs animés…

Ensuite, j’ai eu la chance de venir au contenu et marketing digital dès 1999 chez PageFrance (puis Spray/Caramail) ! Le marketing ne m’a pas lâché depuis… mais tout en conservant un pied dans l’environnement technique (avec l’écriture de quelques ouvrages, dont PHP/MySQL sorti chez Dunod au début des années 2000).
Tout en cultivant mes aspirations d’entrepreneur, j’arrive en 2008 à l’Université en tant qu’enseignant en marketing (en licence, puis en Master). Avec du recul, aujourd’hui : je crois apprendre autant de mes étudiants que je peux leur apprendre : leurs usages, leurs comportements face aux nouveaux médias et outils.

Puis, dans les dernières étapes, passer de certifications (Google, UX design) permettant de suivre les évolutions d’analyse et d’expérience utilisateur.

Soit maintenant 27 ans sur le web à apprendre (tous les jours), trouver des idées, se casser les dents sur des opérations, exploser les scores sur d’autres actions. Quelle que soit la terminologie de mon métier, j’aime ce que je fais !